27 avril 2017 :
La nouvelle vient de tomber, elle était prévisible, je la craignais tout en sachant qu’il n’y avait plus d’autre solution : la cessation d’entrainement. Ma curiosité était en éveil : Cyrano du Pont à l’entrainement chez Jean-Michel Bazire, D’Artagnan du Pont chez Laurent-Claude Abrivard, Venise Soyer chez Franck Terry, mais tous les trois toujours sous les couleurs de l’écurie Rayon… puis les ventes d’Argentan du 10 mai 2017 et leur catalogue publié sur Internet le confirme : 14 chevaux en vente pour cessation d’entrainement.

Ce n’est pas un secret, Jean-Yves Rayon atteindra les 70 ans cette année, en octobre, et il faut le reconnaître, ce métier est difficile, plus que beaucoup d’autres, et Jean-Yves l’a accompli tout au long de sa longue carrière avec une exemplarité et un professionnalisme qui force le respect.
Bien évidemment, cette décision me touche énormément, ce blog, ce sont des heures passées à mettre à jour mes statistiques, à rechercher les partants, le plaisir à suivre et commenter les résultats, dénicher des photos, des vidéos, et tout cela, je le faisais pour cette écurie qui, un jour, a éveillé en moi un intérêt qui n’a jamais faibli.
Enfant, j’ai d’abord passé des heures à découper des articles de presse pour les coller sur les pages de cahiers, puis Internet est arrivé et a donné l’impression de faciliter les choses… et ce blog est né.
Mais si ce blog est né, c’est parce qu’une histoire a éveillé ma curiosité, celle d’un jeune driver appelé Jean-Yves Rayon, au sulky d’une jument de caractère, au nom inoubliable pour moi : Costa Rica II.
Un jour, je devais avoir une quinzaine d’année, j’ai rencontré Jean-Yves à La Capelle, anonymement, juste en admirateur. Quelques années plus tard, j’ai osé lui écrire pour lui décrire ma passion, le but étant de le réconforter sur son lit d’hôpital ou il se remettait d’un accident de cheval… Quelques mois plus tard, je me suis arrangé pour visiter le Haras de la Coquenne, ou j’ai croisé quelques secondes Mr Albert Rayon avant qu’un membre de son équipe ne me fasse visiter les boxes ou j’ai pu admirer Le Loir, Vallauris du Pont, Duc de Feulavoir et je crois Jacques des Blaves… quel souvenir !
Plusieurs dizaines d’années plus tard, j’ai à nouveau rencontré Jean-Yves à Vittel, j’avais imprimé des extraits de mon blog et je me souviens de sa réaction, il m’avait déclaré timidement : pourquoi tant d’intérêt pour moi ? je ne le mérite pas !
Et les choses se sont accélérées car Jean-Yves eut la gentillesse de m’inviter à La Ferme du Pont et à Grosbois. Quels moments j’ai vécu, quels souvenirs ! Entre un apéritif partagé avec Jean-Yves et son épouse, les longues discussions avec Loic et Sophie, des amis qu’on regrette de ne pas voir assez souvent, les explications techniques d’Alex, prolongées aujourd’hui sur les réseaux sociaux, les tours de pistes en duo avec Remy au sulky d’Un Amour du Pont, la rencontre de Gisèle, sœur de Jean-Yves avec qui j’aime partager nos idées de noms de baptêmes des nouveaux nés de l’écurie, jusqu’à ce grand moment ou j’ai pu faire la connaissance de Mr Albert Rayon, un grand homme, fatigué d’une longue vie pleine de réussite mais aussi de revers, affaibli par l’âge et les accidents de la vie, mais avec l’œil, la parole et l’esprit toujours vif et intact. Je l’entend encore me dire : « bon, je vous emmène voir Pacha au pré, je sais ou il est, prenez votre voiture, je vous guide ». Je ne me suis pas fait prier…
J’y suis retourné plusieurs fois, Loic m’a consacré de son temps pour me présenter Jalba, Ismaël, les jeunes, les blessés au repos, les mamans, les bébés, ….
La caractéristique de cette écurie, je l’ai remarqué dès mon plus jeune âge, c’est le calme et la gentillesse de ses chevaux. A La Capelle, le lad allait au camion et laissait la porte du box ouverte et que ce soit Cyrano du Pont (le vieux), Chérie de Tracy ou Costa Rica II, aucun ne bougeait.. Je sais aujourd’hui que cette gentillesse était aussi la caractéristique du comportement de Jean-Yves avec ses chevaux.
Des bons moments, j’en ai également partagé sur Internet avec les membres de l’équipe de Grosbois : Jonnhy Delforge, Léa Ropero, Marie Declercq, Marie Morandeau, et surtout Mickaël Jangal et Francesco Barisi.
Cesser l’entrainement ne veut bien sur pas dire cesser l’élevage… les petits enfants Céline Bazire, fille de Jean-Yves, et Guillaume Covès, fils de Gisèle sont là, et l’élevage n’est pas une nouveauté pour eux !
De mon coté, j’ai hésité avant de prendre une décision quant à la poursuite de ce blog, mais Gisèle m’a convaincu…, même si une chose est certaine, il ne sera plus tout à fait pareil…


Je me permets de corriger les informations de Paris-Turf : dans sa carrière de driver, Jean-Yves Rayon a disputé :
- 6116 courses,
- il a remporté 1111 victoires soit 18,2%,
- 530 deuxième place,
- 523 troisième place soit 35,4% dans les 3 premiers,
- 534 quatrième place
- et 467 cinquième places soit 51,7% dans les 5 premiers.
Des statistiques de très haut niveau !!!
Nota : Paris-Turf a rapidement corrigé son erreur, merci.

Et comme si le destin voulait apporter sa touche, au moment ou Jean-Yves décide d’arrêter, son petit-fils Nicolas Bazire, fils de Jean-Michel Bazire et de Céline Rayon, la fille de Jean-Yves, débute en course ce dimanche 30 avril 2017 à Neuillé-Pont-Pierre. Magnifique !

Bon sang ne saurait mentir : Nicolas début sa carrière par une victoire, bravo à lui !!


11 juin 2017 : très bel article paru dans Paris-Turf, signé Christophe Meyer


